Giulini a limité son exploration de l'oeuvre de Schubert à quelques partitions sur lesquelles il est constamment revenu. Très tôt dans sa carrière, il a intégré les symphonies Tragique et Inachevée  dont il a donné plusieurs versions discographiques.  A défaut de pouvoir toutes les écouter, je vous invite à comparer les minutages de ces différentes versions. Pour ma part, je retiendrai les versions enregistrées à Chicago en 1978 pour l'élégance du style mais le live de 1995 à Munich est chargé d'une telle émotion ! Giulini s'est expliqué sur les raisons qui ne l'ont fait aborder la Symphonie n° 9 en ut que tardivement : "Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi Schubert, si rigoureux dans son écriture, n'avait pas indiqué, entre l'introduction et l'allegro un accelerando qui, traditionnellement, apporte l'unité rythmique entre les deux. Un jour, à Vienne, je suis allé examiner les manuscrits de Schubert et j'ai découvert, avec émotion, qu'il y avait eu une erreur de copie initiale, reproduite ensuite, dans toutes les éditions."  Des trois versions connues, celle de Munich paraît la plus réussie en raison de l'équilibre des vents et des cordes, la plus personnelle aussi faisant de Schubert le père naturel de Bruckner à l'instar de la version de Furtwängler. Jamais le qualificatif de "Grande" attaché à cette symphonie n'a été aussi justifié !
Plus spécifique de Giulini est son intérêt marqué pour la Messe n° 6 D. 950 souvent donnée en concert, y compris à Paris en mars 1995.  Face aux versions concurrentes, on peut dire qu'il s'est approprié cette vaste partition de plus d'une heure, lui conférant une dimension spirituelle et humaine extraordinaire. Il est difficile de choisir entre la version du festival d'Edimburg et celle de la Radio Bavaroise, un document testamentaire unique à la fois pour Schubert et pour Giulini. Sans doute le plus beau disque de Giulini réalisé pour Sony. Mais il y a à Edimbourg une ferveur communicative partagée par tous les membres des choeurs du New Philharmonia.